Les habitants de la ville de Béni, dans l’est de la République démocratique du Congo (RDC), s’en sont pris lundi 25 novembre, à deux camps de la Mission des Nations unies au Congo (Monusco), suite à un nouveau massacre de huit civils attribué au groupe armé des Forces démocratiques alliées (ADF).
Depuis plusieurs jours, la population, victime des violences meurtrières des ADF, est en colère et dénonce l’inaction de l’armée congolaise, ainsi que des casques bleus de la MONUSCO qu’ils veulent voir quitter leur territoire.
«Si vous habitiez comme eux dans des villages où les familles sont égorgées de façon répétitive, la première fois vous faites confiance. La deuxième fois, vous dites : je donne le bénéfice du doute. La troisième fois, vous n’avez pas d’autre choix. Donc, je suis prudente dans ce que je dis. Mais je comprends parfaitement la frustration des populations face à un phénomène qui dure depuis plusieurs années», a déclaré la présidente de l’Assemblée nationale congolaise, Jeannine Mabunda, dans une interview accordée lundi à RFI.
« Nous avons une force de maintien de la paix qui est là depuis plus de 20 ans en RDC. Nous avons eu de bons progrès ensemble, mais aujourd’hui par rapport à la situation de Béni, si on rajoute aussi l’épidémie d’Ebola, il est quand même compréhensible que les populations soient frustrées vis-à-vis de la présence de la Monusco et sa capacité ou son incapacité d’action », a-t-elle insisté.
Elle a reconnu l’obligation pour les autorités d’assurer la sécurité de ces concitoyens. « La tension, la destruction physique et psychologique des populations est inacceptable, et l’Etat doit assurer la sécurité de ces populations, c’est une obligation », a déclaré Mabunda.
Concernant les Forces Armées congolaises, Mabunda a souligné que leur effectif a été dernièrement renforcé à Béni, passant de 11.000 à 21.000 soldats, tout en reconnaissant que ce renforcement n’a pas encore donné «les résultats escomptés».
Les ADF, des rebelles ougandais musulmans hostiles au président Yoweri Museveni, sont accusés d’avoir tué des centaines de civils dans la région de Béni depuis octobre 2014. Repliés dans l’est de la RDC en 1995, ils vivent dans la forêt d’où ils terrorisent les populations.