L’Observatoire de lutte contre la corruption et les malversations économiques (Olucome) au Burundi a dénoncé, ce mercredi 27 novembre, une mesure prise par les autorités de Bujumbura de suspendre l’achat et la vente d’or par les comptoirs privés au profit de la Banque centrale, la qualifiant de « contreproductive » et de contraire au « principe de libre concurrence ».
« Elle est contreproductive car elle risque de pousser les comptoirs d’origine étrangère à plier bagages, et elle va favoriser encore plus la fraude et surtout la corruption qui est déjà érigée en mode de gouvernance » a alerté Gabriel Rufyiri, président de cette importante organisation luttant contre la corruption dans le pays.
Lundi 25 novembre, le ministre burundais de l’Hydraulique, de l’Energie et des Mines, Côme Manirakiza, avait annoncé la décision de « suspendre » immédiatement les « activités d’achat et de vente de l’or par les comptoirs », et expliqué que désormais seule la Banque de la République du Burundi (BRB) avait l’autorisation d’acheter « l’or produit par les coopératives et les sociétés minières ».
Selon la presse locale, la BRB avait déjà ordonné, le 15 octobre, aux comptoirs et coopératives d’exploitation artisanale, de lui vendre leur or, y compris les stocks.
Par son initiative, le gouvernement entend faire respecter les mesures du Conseil national de sécurité (CNS) pour la lutte contre la fraude liée au commerce de l’or. Les autorités auraient également le souci de reconstituer les réserves d’or de la BRB en vue de stabiliser le cours du franc burundais qui ne fait que perdre sa valeur par rapport au dollar.
« Bujumbura, qui manque cruellement de devises, espère qu’il va pouvoir centraliser tout l’argent qui circule dans le secteur. Mais c’est oublier qu’il existe un véritable problème de traçabilité sur l’or exporté par le Burundi », a expliqué Rufyiri. Tous ces arguments n’ont convaincu ni l’Olucome ni les responsables de comptoir.