Le ministère des Affaires étrangères en République démocratique du Congo (RDC) a procédé à un rappel définitif au pays de trois ambassadeurs accusés des «manquements graves».
Il s’agit d’Ignace Gata Mavita et de Zénon Mukongo Ngay, deux ambassadeurs accrédités auprès de l’ONU, ainsi que de Ramazani Bin Kithima, ambassadeur à Tokyo.
Si pour les deux premiers, le ministère n’a pas spécifié les raisons pour lesquelles ils ont été rappelés, Bin Kithima, lui, est accusé d’avoir vendu le bâtiment de l’ambassade à Tokyo qui est un «patrimoine» de l’Etat.
Ce diplomate avait déjà reçu à ce sujet, des mises en garde de Kinshasa il y a près d’un an. « Continuez de défier ainsi votre hiérarchie et je puis vous assurer que vous vous exposez aux plus graves des sanctions », lui avait écrit, fin janvier, le secrétaire général du ministère congolais des Affaires étrangères.
Les deux ambassadeurs auprès de l’ONU sont rappelés, alors que le Conseil de sécurité devrait débattre, d’ici quelques jours, le renouvellement du mandat de la mission des Nations unies au Congo (Monusco).
Au sein de la coalition au pouvoir en RDC, ce sujet de limogeage des ambassadeurs divise. Le Front commun pour le Congo (FCC), dirigé par l’ancien président Joseph Kabila qui avait nommé ces trois ambassadeurs, estime que les décisions du chef de la diplomatie, Ntumba Nzeza, une proche du président Félix Tshisekedi, ne sont pas légales.
« Ce qui est certain, c’est que la ministre a outrepassé ses attributions, elle n’a pas compétence pour agir dans ce sens-là », a lancé Yves Kisombe, un ancien vice-ministre des Affaires étrangères proche de Kabila.
Pour lui, « cet acte, qui n’est pas régulier, peut effectivement susciter des interrogations sur le plan politique par rapport à la coalition gouvernementale, et à la volonté du président de la République de faire avancer les choses de manière harmonieuse».
Certaines rumeurs, au sein du ministère des Affaires étrangères, avancent que les Etats-Unis auraient fait pression sur Félix Tshisekedi pour obtenir le licenciement des deux représentants à l’ONU, en raison de leur penchant en faveur de la Chine, sur le dossier ouïghour.