Au premier jour du procès en appel ce lundi à Paris, du vice-président de Guinée équatoriale, Teodorin Obiang, poursuivi dans l’affaire dite des «biens mal acquis», la Cour d’appel a requis quatre de prison ferme et ses avocats ont demandé la relaxe de leur client compte tenu de son immunité.
Teodorin Nguema Obiang est poursuivi pour blanchiment d’argent de biens sociaux, d’abus de confiance, de détournement de fonds publics et de corruption. Il est accusé de s’être frauduleusement bâti en France, un patrimoine mobilier et immobilier de plusieurs millions d’euros, composé, entre autres, de jets privés, d’hôtel, de voitures de course et de luxe, ainsi que de dizaines de costumes de marque.
Lundi 16 décembre, le parquet a requis quatre ans de prison ferme, 30 millions d’euros d’amende et la confiscation des biens saisis, avec délivrance d’un mandat d’arrêt contre ce fils du président équato-guinéen, Teodoro Obiang Nguema Mbasogo.
En première instance, Teodorin Obiang avait été condamné à trois ans de prison et 30 millions d’euros d’amende, le tout assorti du sursis ; un verdict qualifié par le tribunal d’«avertissement».
Mardi, la défense du vice-président de Guinée équatoriale a mis en avant l’immunité dont bénéficie son client. « Il y a une schizophrénie totale à ce que le vice-président soit l’interlocuteur des autorités françaises pour la coopération militaire, tandis que la justice française ne lui reconnaît pas l’impunité due à sa fonction», a interpellé la cour, l’un de ses avocats, Me Marsigny.
Ce n’est pas la première fois que l’immunité de Teodorín Obiang soit brandie pour réclamer des mesures en sa faveur. Reste à savoir si cette fois-ci la justice française sera sensible à cet argument.
Réagissant à l’ouverture de ce procès, l’ONG Human Rights Watch s’intéresse, elle, à la restitution des biens aux victimes. «Le procès en appel contre le vice-président de la Guinée-Equatoriale, Teodorín Nguema Obiang, est essentiel et salutaire.
La France peut être fière que ses tribunaux aient porté un coup à l’impunité d’un kleptocrate mais il est impératif que les avoirs saisis soient restitués de manière responsable aux victimes», a déclaré Sarah Saadoun, chercheuse au sein de l’ONG.