Le procès de l’ancien ministre ivoirien de la Jeunesse, Charles Blé Goudé, qui devait s’ouvrir hier mercredi à Abidjan, la capitale économique de la Côte d’Ivoire, a été reporté à une date ultérieure.
Pour cause, la défense de Blé Goudé a déposé, la semaine dernière, un pourvoi en cassation contre l’arrêt de la Cour d’appel d’Abidjan qui avait décidé de renvoyer son client devant les juges, justifiant sa démarche par le fait que la procédure en cours ne respecte pas les droits fondamentaux de son client.
Le président du tribunal criminel d’Abidjan a ainsi décidé de « retirer l’affaire du rôle » en attendant l’examen du pourvoi par la Cour de cassation.
L’ancien ministre est poursuivi par la justice ivoirienne pour actes de torture, d’homicides volontaires et de viols lors des violences postélectorales entre fin 2010 et début 2011 qui avaient causé la mort de plus de 3000 personnes.
Déjà poursuivi par la Cour pénale internationale (CPI) depuis 2014 pour crimes contre l’humanité, Blé Goudé est présentement en liberté conditionnelle aux Pays-Bas, où il attend l’examen de l’appel de la procureure, introduit après son acquittement en première instance.
Il ne peut donc pas se présenter, pour l’instant, devant la justice de son pays. Pour sa défense, la justice ivoirienne a violé les droits de son client en programmant une audience en son absence. C’est une des raisons présentées pour justifier le pourvoi en cassation.
«On ne peut pas au moment où Charles Blé Goudé se trouve à la CPI face à cette juridiction ouvrir encore une autre procédure ici en Côte d’Ivoire pour que cette même personne soit jugée. Il y a quelque chose qui ne va pas. Je ne vais pas aller dans les supputations pour parler d’acharnement, je dis qu’il y a quelque chose d’incompréhensible sur la procédure», a déclaré un des avocats, Me Claver Ndry.
Il revient désormais à la Cour de cassation de décider si l’accusé devrait ou non se présenter devant le tribunal criminel.
Le parti de Charges Blé Goudé, le Congrès panafricain pour la Justice et l’Egalité des Peuples (COJEP) dénonce d’emblée un procès politique dicté par le régime au pouvoir, et une manière de vouloir écarter une éventuelle candidature de l’ancien ministre à la présidentielle de 2020.