Le Comité des Nations Unies contre la torture a adressé un écrit au Sénégal, dans lequel il s’oppose à l’éventuelle libération de l’ex-dictateur tchadien, Hissène Habré, condamné en 2016 à la prison à vie pour crimes contre l’humanité.
Dans une lettre au gouvernement sénégalais, le Comité affirme que les personnes condamnées pour crimes contre l’humanité ne sauraient faire l’objet de «libération prématurée», alors que des voix s’élèvent à Dakar pour réclamer la libération de l’ex-homme fort de N’Djamena.
En 2016, déjà, Sidiki Kaba, alors ministre de la Justice, n’avait pas écarté que Hissène Habré soit gracié un jour. Plus récemment, des proches de l’ex-président, notamment son épouse, ont soutenu qu’il devait sortir de prison parce qu’il s’y était cassé le bras en tombant, une affirmation démentie par les autorités.
La lettre du Comité rappelle que le Sénégal n’est pas libre de faire ce qu’il veut d’un prisonnier condamné, non pas par la justice sénégalaise, mais par la justice internationale, en l’occurrence les Chambres africaines extraordinaires, un tribunal créé par le Sénégal et l’Union africaine.
Les victimes de Hissène Habré estiment que les déclarations de son épouse font partie d’une «campagne» pour obtenir sa libération. Ce sont d’ailleurs ces victimes qui ont écrit au Comité des Nations unies contre la torture pour lui demander de se prononcer sur une éventuelle libération de Habré.
Le Comité des Nations unies contre la torture s’étonne, par ailleurs, de voir que les victimes de l’ex-homme fort de N’Djamena n’ont toujours pas été indemnisées.
Hissene Habre a été président de la République du Tchad de 1982 à 1990, à la suite du coup d’État qui a renverse le président Goukouni Oueddei.
Le 30 mai 2016, il est reconnu coupable de crimes contre l’humanité, viols, exécutions, esclavage et enlèvements. Il est condamné à la prison à perpétuité en première instance, par le tribunal spécial africain à Dakar. Le 27 avril 2017, les Chambres extraordinaires africaines fixent le montant des dommages que Hissène Habré devra verser aux victimes, à 82 milliards 290 millions de francs CFA20 (environ 125 millions d’euros).