Amnesty international a réagi aux différentes arrestations des opposants en Côte d’Ivoire, invitant Abidjan à garantir le « droit à un procès équitable » et à veiller à ce que les détenus « puissent consulter leurs avocats et bénéficier de soins médicaux ».
Dans son communiqué, publié vendredi 10 janvier, l’ONG internationale passe en revue les arrestations et les perquisitions « sans mandat » des domiciles de certains détenus, qui ont eu lieu ces derniers temps.
Un des dossiers chauds est celui relatif à Guillaume Soro, ex-président de l’Assemblée nationale ivoirienne pour qui un mandat d’arrêt a été émis par Abidjan qui l’a accusé, entre autres, de « présomptions graves de tentative d’atteinte contre l’autorité de l’Etat ».
« Le moment choisi pour lancer une procédure judiciaire contre Guillaume Soro et les arrestations de ses sympathisants et proches sont suspects. Compte tenu des irrégularités des procédures, il ne serait pas surprenant que ces poursuites soient motivées par des considérations politiques. »
Candidat à l’élection présidentielle d’octobre 2020, Soro rentrait à Abidjan le 23 décembre, après six mois passé à l’étranger, mais son vol a dû prendre une autre destination, en raison de la coïncidence avec l’annonce du mandat d’arrêt.
Alors que s’approche ce scrutin présidentiel, l’ONG exhorte les dirigeants ivoiriens à tenir à « l’indépendance de la justice et s’abstenir d’utiliser le système judiciaire pour persécuter des dirigeants de l’opposition et des dissidents ».
Kobenan Kouassi Adjoumani, Porte parole principal du RHDP au pouvoir, s’est dit surpris par les propos d’Amnesty. « Je trouve surprenant, outrageant, indécent et même suspect qu’une organisation comme Amnesty International parle d’arrestations suspectes en faisant allusion à la procédure diligentée contre M. Soro et certains de ses amis », a-t-il, déclaré.
Pour ce responsable, la Côte d’Ivoire est « en présence de faits suffisamment graves qui risquaient, s’ils s’étaient concrétisés de mettre en péril la vie de milliers d’ivoiriens à commencer par celle du premier magistrat » du pays. Il n’est donc pas question de « plaisanter avec de telles menaces », a-t-il assuré.
Il a aussi interpellé l’ONG sur le fait qu’adopter « une posture » sans en savoir davantage sur les tenants et les aboutissants du dossier risque de « remettre en cause sa crédibilité et son impartialité ».