Le Premier ministre éthiopien Abiy Ahmed a demandé ce dimanche l’intervention du président sud-africain Cyril Ramaphosa pour apaiser un différend avec l’Egypte au sujet d’un important barrage hydraulique que l’Ethiopie construit sur le Nil Bleu.
Le différend de longue date, porte sur le «Grand barrage de la renaissance» (GERD) qui est long de 1,8 km et haut de 145 m. Appelé à devenir le plus grand barrage hydroélectrique d’Afrique, sa construction, entamée en 2011, inquiète l’Egypte, le pays situé en aval et qui dépend du fleuve pour plus de 90 % de son approvisionnement en eau.
L’Ethiopie, l’Égypte et le Soudan, ont entamé des discussions en novembre mais, jeudi, ces discussions n’avaient toujours pas abouties. En visite en Afrique du Sud ce week-end, Abiy Ahmed a demandé à Ramaphosa d’intervenir dans les négociations en tant que prochain président, en janvier, de l’Union africaine (UA).
«Comme il (Ramaphosa) est un bon ami de l’Ethiopie et de l’Egypte et aussi le prochain président de l’UA, il peut organiser des discussions entre les deux parties pour résoudre la question de manière pacifique», a expliqué Abiy au cours d’une conférence de presse à Pretoria.
Le président sud-africains a déclaré qu’il était disposé à jouer un rôle de facilitateur, d’autant que «les deux parties veulent en parler et trouver des solutions». Il a précisé qu’il s’en était déjà entretenu avec son homologue égyptien, Abdel Fattah al-Sisi, qui veut «avoir des discussions avec l’Ethiopie».
Jusque-là, les neuf années de discussions n’ont abouti à aucun accord entre ces pays. A l’issue d’une réunion à Washington en novembre, les trois pays s’étaient donné jusqu’au 15 janvier pour trouver un accord. Mais les dernières discussions tripartites, qui se sont achevées jeudi à Addis Abeba, ont une nouvelle fois achoppé sur une des questions les plus épineuses: la vitesse de remplissage du réservoir.
Pour l’Égypte, un remplissage trop rapide du réservoir de 74 milliards de m3 d’eau risque de réduire fortement le débit du Nil, et affecter des millions de ses habitants.Le Nil fournit, en effet, 97% des besoins en eau de l’Égypte et ses rives abritent 95% des quelque 100 millions d’habitants du pays, selon les Nations unies.
En octobre, le Premier ministre éthiopien, juste après avoir obtenu le prix Nobel de la paix 2019, avait assuré qu’« aucune force» ne pouvait empêcher la construction du barrage, et averti que des «millions» de personnes pouvaient être mobilisées pour le défendre si besoin était.