Un jeune homme a été tué mardi lors d’affrontements entre manifestants et forces de sécurité à Conakry, alors que la Guinée connaît depuis trois mois une vague de contestations meurtrières contre un nouveau mandat du président sortant Alpha Condé à la tête du pays.
Mamadou Moussa Touré, un forgeron âgé de 20 ans, pris pour un manifestant, a été tué par balles mardi matin par des gendarmes alors qu’il se rendait à la forge familiale à Cosa, une banlieue de Conakry, ont affirmé son père et des témoins.
«On m’a dit que des gendarmes ont tiré sur mon fils. Lorsqu’ils se sont aperçus qu’il n’était pas mort, ils sont venus le frapper avec leurs armes jusqu‘à ce qu’il soit mort. C’est vraiment triste et regrettable», a témoigné son père.
«J’ai vu le corps du jeune homme. Il a été froidement abattu. Rien qu’en voyant les dégâts sur son corps, on se rend compte que son bourreau a tiré à bout portant», a déclaré une source médicale ayant requis l’anonymat.
Des tirs nocturnes ont été entendus dans la nuit de lundi à mardi dans la zone de Cosa, où des manifestants ont érigé des barricades et affronté les forces de l’ordre pour essayer de les empêcher de pénétrer dans ce fief de l’opposition, ont expliqué des témoins.
Des manifestations ont également eu lieu mardi dans plusieurs localités de province. La semaine dernière, trois civils ont été tués dans des affrontements entre habitants et forces de sécurité à Labé (centre), l’un des foyers de la protestation en cours depuis trois mois en Guinée, a indiqué le maire de la ville.
L’opposition organise depuis la mi-octobre des manifestations, parfois durement réprimées, pour faire barrage au projet qu’elle prête au président Alpha Condé, 81 ans, de briguer un troisième mandat à la fin de l’année, alors que l’actuelle Constitution en limite le nombre à deux.
Les organisations de défense des droits humains dénoncent un usage excessif de la force de leur part et une impunité quasiment totale.