L’ONG Human Rights Watch (HRW) a révélé mercredi que plus de cent personnes ont été enlevées par des séparatistes armés dans les régions anglophones du Cameroun avant les élections législatives et municipales de dimanche dernier.
«Des séparatistes armés (…) ont enlevé plus d’une centaine de personnes, incendié des biens et menacé des électeurs dans la période précédant les élections», a affirmé mercredi dans un rapport l’organisation internationale HRW.
Des groupes indépendantistes avaient interdit aux populations des régions du Nord-Ouest et du Sud-ouest, où se concentre la minorité anglophone du Cameroun, de participer au vote et multiplié récemment leurs attaques, mais dimanche, jour du scrutin, un seul incident -des échanges de tirs à proximité d’un bureau de vote- avait été rapporté.
Selon l’ONG, «les forces de sécurité de l’État n’ont pas suffisamment protégé les civils des menaces proférées par les séparatistes, mais ont plutôt commis de nouveaux abus à leur encontre au cours de la même période».
Par ailleurs, «entre le 17 et le 20 janvier 2020, les forces de sécurité ont mené une opération militaire à Bali (Nord-Ouest), détruisant plus de 50 maisons et tuant plusieurs civils», détaille HRW qui réclame à Yaoundé des enquêtes sur les exactions des deux camps.
Depuis 3 ans, militaires et groupes armés indépendantistes anglophones s’affrontent dans ces deux régions de l’Ouest, les deux camps multipliant crimes et exactions contre les civils, selon les ONG. Le conflit a déjà fait plus de 3.000 morts depuis 2017 et forcé plus de 700.000 personnes à fuir leur domicile.
Les séparatistes armés veulent l’indépendance du Cameroun anglophone, qu’ils nomment Ambazonie.
L’enjeu de ces élections à l’Assemblée nationale et pour les conseils municipaux résidait donc essentiellement dans le taux de participation, une partie de l’opposition ayant appelé à au boycott du scrutin et les violences ont, depuis des années, grandement dissuadé les électeurs d’aller aux urnes dans l’Ouest et le Nord du pays.