L’Organisation internationale de la francophonie (OIF) a sévèrement remis en cause ce lundi, la régularité d’un référendum et des élections organisés dimanche dernier par le pouvoir, en jugeant «problématique» la présence de plus de deux millions de noms d’électeurs sur les listes électorales.
L’OIF a indiqué qu’elle ne pouvait plus « soutenir le processus électoral » du 1er mars en l’absence d’un consensus national sur le nombre d’électeurs et qu’il lui était «difficile» de continuer sa mission, six jours seulement avant ces consultations à hauts risques.
Les Guinéens sont en effet invités à voter à la fin de la semaine, dimanche 1er mars, lors d’un double scrutin : les législatives et le référendum constitutionnel.
Dans un communiqué publié lundi, l’OIF rappelle avoir mené en 2018, avec l’ONU et l’Union européenne, un audit du fichier électoral datant de 2015. L’audit dénombrait 2,49 millions d’électeurs dont la présence sur les listes était «problématique».
Or ces électeurs figurent toujours dans la base de données actuelle, observe l’OIF, assurant que parmi ces 2,49 millions d’électeurs, figurent des personnes décédées et des doublons, et 98% d’entre eux «ne disposent pas de documents permettant leur identification».
En revanche, le président de la commission électorale guinéenne, Amadou Salif Kébé a estimé que « le fichier est suffisamment crédible». «Dire qu’il est purgé de toutes les tares, non. Mais c’est un fichier avec lequel on peut aller à toutes les élections», a-t-il confié à des journalistes.
L’opposition au président Alpha Condé dénonce le référendum sur la Constitution et les législatives organisées simultanément comme une manœuvre du chef de l’Etat pour briguer un troisième mandat à la fin de l’année, alors que l’actuelle Constitution en limite le nombre à deux.
Elle montre du doigt un nombre disproportionné d’électeurs par rapport à la démographie du pays, et l’inscription, selon elle, de mineurs sur les listes électorales.
Le président sortant, Alpha Condé justifie le référendum constitutionnel par la nécessité de «doter la Guinée d’une Constitution qui réponde aux besoins actuels».
La Guinée est en proie depuis quatre mois, à la contestation contre une réforme constitutionnelle. Au moins 30 civils et un gendarme ont été tués depuis le début des protestations qui ont été durement réprimées à plusieurs reprises.