Amnesty International a accusé le président de la République démocratique du Congo (RDC), Félix Tshisekedi, de n’avoir pas tenu sa « promesse de rendre justice aux victimes » des répressions du régime de son prédécesseur Joseph Kabila.
Le président congolais «a renié les promesses faites lors de son investiture de renforcer l’État de droit, de lutter contre l’impunité et de garantir la justice, laissant dans le désespoir des centaines de familles dont des membres ont été tués lors de la crise préélectorale qu’a connue le pays», déplore l’ONG dans un nouveau rapport publié ce mardi et intitulé « République démocratique du Congo. Sans suite ! Pas de justice pour les victimes de la répression brutale de 2015-2018 ».
Le rapport passe en revue les principales manifestations réclamant le départ de Kabila à la fin de son deuxième mandat en décembre 2016 et l’organisation des élections. L’ONG cite les marches tenues et réprimées dans le sang en janvier 2015, en septembre et décembre 2016, ainsi que celles organisées par les catholiques fin 2017-début 2018.
Pour Amnesty, Tshisekedi n’a engagé aucune action en faveur de ces victimes, ni avant son élection alors qu’il était dans l’opposition, ni après lavoir pris les rênes du pouvoir en janvier 2019.
« Après neuf mois de présidence, il a déclaré qu’il ne voulait pas ‘fouiner dans le passé’. Depuis lors, il n’a rien fait pour que des enquêtes soient menées sur la mort d’au moins 320 personnes tuées lors des manifestations survenues entre 2015 et 2018 », précise le rapport d’Amnesty.
Par la voix de son directeur du bureau régional pour l’Afrique de l’Est et australe, Deprose Muchena, Amnesty a appelé Félix Tshisekedi et son gouvernement à « reconnaître la douleur qu’endurent les victimes et leurs familles et s’engager publiquement à poursuivre efficacement et dans les plus brefs délais les responsables présumés » de la répression.
Dans son nouveau rapport, l’ONG fait état de 115 entretiens qu’elle a réalisés auprès de rescapés et de membres des familles des victimes sur leur quête de justice. Nombreux d’entre eux, auraient exprimé leurs frustrations face à l’inertie des autorités à mener des enquêtes et à poursuivre les auteurs présumés des répressions.