Des dizaines de milliers de Soudanais ont manifesté mardi à Khartoum et dans d’autres villes du Soudan, pour réclamer la mise en œuvre par le gouvernement de transition, des réformes réclamées lors du soulèvement populaire en 2019.
Les manifestants mobilisés par l’Association des professionnels du Soudan, qui fut le fer de lance de la contestation populaire à l’origine de l’éviction de l’ex-président Omar El-Béchir, ont scandé «paix et justice» et appelé à « punir » les coupables de la répression du mouvement. «Le sang des martyrs est notre sang», pouvait-on lire sur les pancartes à Niyala, au Darfour (ouest).
Ces manifestations ont eu lieu dans mardi après-midi, dans plusieurs villes du pays malgré un couvre-feu entre 15H00 à 06H00 locales (13H00 à 04H00 GMT) en raison du coronavirus et malgré un important dispositif de sécurité déployé dans la capitale, et dans d’autres villes, où ont été utilisés des gaz lacrymogènes pour disperser les manifestants.
Lundi, le Premier ministre Abdallah Hamdok, un économiste chevronné, avait assuré dans un tweet que «le gouvernement de transition va s’atteler à répondre au mieux à ces demandes pour parvenir à un consensus populaire».
En avril 2019 et après trois décennies au pouvoir, le président Omar el-Béchir a été destitué et arrêté sous la pression d’un mouvement de contestation inédit de plus de six mois.
Selon un comité de médecins lié au mouvement, 246 manifestants ont été tués dans la répression, dont une centaine dans la dispersion brutale d’un sit-in devant le QG de l’armée à Khartoum en juin 2019.
En prison depuis décembre pour corruption, l’ex-président Béchir et plusieurs anciens responsables sont sous le coup de mandats d’arrêts internationaux pour «crimes de guerre», «génocide» ou «épuration ethnique» au Darfour, région qui a connu depuis 2003 un conflit meurtrier entre forces du régime à majorité arabe et insurgés issus de minorités.