La justice nigérienne a relaxé mardi Samira Sabou, une journaliste-blogueuse écrouée le 10 juin et accusée de diffamation dans ses publications sur l’affaire des surfacturations d’achats d’équipements militaires, a annoncé son avocat.
Samira Sabou, administratrice du site d’information mides-niger.com et présidente de l’Association des blogueurs pour une citoyenneté active (ABCA) «a été relaxée, innocentée pour +faits non-constitués+», a déclaré à la presse Me Boudal Effredn Mouloul, peu après la décision du Tribunal de grande instance de Niamey.
Interpellée le 10 juin et placée sous mandat de dépôt, Samira Sabou est jugée pour «diffamation», après une plainte déposée par Sani Mahamadou Issoufou, le fils et Directeur de cabinet adjoint du président Mahamadou Issoufou.
La journaliste avait publié un post sur l’affaire des surfacturations à l’armée accusant un homme d’affaires nigérien de «capter les marchés du ministère de la Défense au nom du fils du patron». Dans un communiqué, l’ONG Amnesty International avait noté que «Samira Sabou, journaliste respectée, a fait son travail légitime d’information sur les allégations de surfacturation et de matériel non livré révélées par l’audit du ministère de la Défense».
«L’accusation de diffamation à son encontre par le fils du président de la République n’est qu’une manœuvre de plus pour saper son travail et celui de tous les activistes anti-corruption qui dénoncent les allégations de corruption dans le pays», selon Amnesty. A l’issue du procès le 14 juillet, le procureur avait requis contre Samira Sabou cinq semaines de prison ferme et une amende d’un million FCFA (plus de 1.500 euros).
La justice avait annoncé le 8 avril l’ouverture d’une enquête sur l’affaire des surfacturations et des livraisons non effectuées d’équipements militaires qui ont couté ces dernières années 32,6 milliards FCFA (50 millions d’euros) à l’Etat du Niger, selon le parquet de Niamey. Le gouvernement avait lui-même annoncé en février qu’un audit demandé par le président Issoufou avait révélé des surfacturations ainsi que des livraisons non effectuées à l’armée, qui combat depuis 2015 des groupes jihadistes dans le sud-est et l’ouest du pays.