Près d’un millier d’Algériens ont manifesté lundi dans plusieurs villes du pays notamment à Alger, la capitale et en Kabylie, à l’occasion de l’anniversaire du soulèvement populaire du 5 octobre 1988 et ce, malgré l’interdiction de manifester décrétée par le pouvoir depuis le début de la pandémie du coronavirus.
Bravant l’interdiction de tout rassemblement public, les manifestants ont quand même marché dans les rues d’au moins cinq villes, pour réclamer entre autres, un régime démocratique en lieu et place du pouvoir en place depuis l’indépendance, et la libération des prisonniers du «Hirak», le mouvement anti-régime qui a éclaté en 2019.
Entre 400 et 500 manifestants ont tenté de marcher dans le centre-ville d’Alger, avant d’être dispersés rapidement suite à une intervention musclée des forces de police.
Le Comité national pour la libération des détenus (CNLD), une association de soutien aux prisonniers d’opinion, a fait état de plus de vingt arrestations, dont des étudiants.
Des marches protestataires ont également eu lieu en province, notamment à Béjaïa, grande ville de Kabylie (nord-est), à Beni Ourtilane, près de Sétif, à Annaba et Constantine (nord-est), selon les réseaux sociaux et le CNLD.
A Akbou, dans la région de Bejaïa, une foule a défilé en brandissant des portraits de Khaled Tazaghart, ex-député et militant des droits de l’Homme en détention, et du journaliste emprisonné Khaled Drareni.
Pour rappel, dans un contexte de vives tensions sociales, des émeutes sanglantes avaient éclaté dans la nuit du 4 au 5 octobre 1988 à Bab El Oued, quartier populaire d’Alger avant de s’étendre le lendemain au reste de la capitale puis à d’autres villes du pays.
Ces émeutes ont forcé le pouvoir à procéder à des réformes politiques sans précédent : multipartisme, libertés syndicale, d’association, de la presse.
Parallèlement, l’état de siège avait été proclamé et l’armée a été chargée de rétablir l’ordre suite à ce soulèvement qui avait fait 159 morts selon un bilan officiel, et plus de 500 selon les militants des droits humains.
«Le +Hirak+ est un prolongement d’Octobre 88», a déclaré à la presse Said Salhi, vice-président de la Ligue algérienne de défense des droits de l’Homme (LADDH), qui a participé à la manifestation de Béjaïa.