Deux grandes compagnies chocolatières américaines, Hershey’s et Mars, sont dans le collimateur de la Côte d’Ivoire et du Ghana qui les accusent d’acheter du cacao ou du beurre de cacao sans payer le différentiel de revenu décent (DRD), une prime spéciale destinée à mieux rémunérer les paysans producteurs de cacao.
Cette prime, négociée l’année passée par les gouvernements ivoirien et ghanéen avec les plus gros producteurs de cacao au monde, s’élève à 400 dollars par tonne de cacao, en sus du prix du marché. Elle devrait être appliquée dès le début de la campagne 2020-2021, soit à partir du 1er octobre 2020.
Vraisemblablement, les deux multinationales se seraient adressées, pour leur approvisionnement de décembre, à d’autres fournisseurs que ces deux pays ouest-africains, avec l’intention, selon Abidjan et Accra, d’échapper au financement du DRD.
Dans un courrier conjoint adressé lundi aux deux chocolatiers, le Conseil Café Cacao (CCC) de Côte d’Ivoire et le Ghana Cocoa Board (Cocobod), estiment que l’achat par Hershey’s d’importantes quantités de cacao sur le marché boursier américain indique clairement son dessein de ne pas payer la prime.
Le CCC et Cocobod dénoncent une « rupture de confiance » et menacent de suspendre tous les programmes de certification de Hershey’s en Côte d’Ivoire et au Ghana, lesquels programmes garantissent que le cacao acheté a été produit dans le respect de l’éthique requise, une norme qu’exigent particulièrement les consommateurs occidentaux.
Les entreprises accusées ont séparément nié les faits. Hershey’s a carrément qualifié le communiqué des régulateurs ivoirien et ghanéen de «mensonger».
Le Ghana et la Côte d’Ivoire assurent 62% de la production mondiale de cacao. Les deux principaux producteurs, dont la qualité des fèves est pourtant reconnue par les agroindustriels du monde, pourraient éventuellement se retrouver dans une position vulnérable, tant la demande mondiale en chocolat affiche déjà une baisse à cause de la pandémie de la Covid-19.