Reporters sans frontières (RSF) a relevé 50 journalistes tués en 2020, dont la plupart dans des pays en paix, et près de 400 autres emprisonnés, dans son bilan annuel définitif publié mardi, couvrant la période du 1er janvier au 15 décembre.
Tenant compte de la réduction du nombre des reportages réalisés au cours de cette année, en raison notamment de la pandémie de Covid-19, l’organisation de défense de la presse estime que ce bilan n’a pas beaucoup évolué, comparativement à l’année précédente qui avait recensé 53 journalistes assassinés.
Un nombre important de journalistes (68%) ont été tués dans des pays dits « en paix », alors que le pourcentage a diminué pour ceux éliminés dans les pays en conflit. En 2020, la proportion des journalistes tués dans des zones en guerre (Syrie, Yémen) ou minées par des conflits de basse ou moyenne intensité (Afghanistan, Irak) s’élève à 32%, contre 58% en 2016, souligne le rapport.
Le document informe aussi que sur l’ensemble des hommes de média tués cette année, 84 % ont été sciemment visés et délibérément éliminés, contre 63 % en 2019. Certains l’ont été dans des conditions particulièrement barbares.
« La violence du monde continue de s’abattre sur les journalistes », a déploré le secrétaire général de RSF, Christophe Deloire. Il a fait remarquer qu’« une partie du public considère que les journalistes sont victimes des risques du métier, alors même qu’ils sont de plus en plus attaqués lorsqu’ils enquêtent ou effectuent des reportages sur des sujets sensibles ».
L’ONG dénombre près de 20 journalistes d’investigation qui ont été éliminés en 2020. Dix enquêtaient sur des cas de corruption locale et de détournement de fonds public, quatre sur la mafia et le crime organisé et trois autres menaient des enquêtes sur des sujets liés à des questions environnementales.
Pour Christophe Deloire, « ce qui est fragilisé c’est le droit à l’information, qui est un droit pour tous les êtres humains ».
Depuis 2011, au moins 937 journalistes ont été tués, selon RSF.