L’armée du Cameroun a «tué au moins neuf civils, dont une femme de 50 ans et une fille de 6 ans» en zone anglophone camerounaise, a déploré jeudi, l’organisation internationale de défense des droits humains Human Rights Watch (HRW).
L’ONG explique que l’incident s’était produit le 10 janvier dans le village de Mautu, dans la région du Sud-Ouest du pays. « Une cinquantaine de soldats arrivés à pied (…) ont commencé à tirer sans discernement alors que les gens prenaient la fuite», précise HRW dans un communiqué, ajoutant que les soldats auraient également «pillé des dizaines de foyers» du village.
Pour soutenir ses accusations, HRW cite de nombreux témoins et des ONG locales et dit avoir étudié les vidéos et photos postées sur les réseaux sociaux le jour du drame.
« Tuer des civils et piller leurs maisons au nom de la sécurité sont de graves violations des droits humains qui alimentent les cycles croissants de violence et d’abus dans les régions anglophones du Cameroun », a martelé Ida Sawyer, directrice adjointe de la division Afrique chez HRW.
Pour elle, « les autorités camerounaises devraient contrôler les unités responsables d’abus et, avec l’aide de l’Union africaine et de l’ONU, ouvrir une enquête crédible et impartiale sur les meurtres commis à Mautu et poursuivre en justice ses auteurs ».
L’armée camerounaise, qui combat depuis 2016 les séparatistes anglophones dans les régions du Nord-ouest et du Sud-ouest du pays, avait publié un communiqué, le 11 janvier, dans lequel elle assurait avoir «mené un raid préventif sur les positions de groupes terroristes » à Mautu.
Alors que les rebelles « avaient immédiatement ouvert le feu » sur les militaires, ces derniers avaient riposté, neutralisant « quelques terroristes », ajoute l’armée qui assure que l’opération était menée «dans le strict respect des règles d’engagement».