Le jeune étudiant algérien Walid Nekiche, un des militants du Hirak risquait la perpétuité, requise lors de son procès par le procureur de la République près le tribunal de Dar El Beida à Alger avant qu’il ne soit relâché le 2 février dernier après 14 mois de détention provisoire, au cours desquels il affirme avoir été torturé et violé dans sa cellule par les hommes de la Securitate.
Ces derniers mois, le régime algérien dirigé à l’ombre par le chef d’Etat-Major de l’Armée algérienne, Saïd Chengriha, a accéléré les procès de plusieurs figures du Hirak et d’hommes politiques, dans une vaine tentative d’enterrer définitivement le dossier du Hirak qui réclame depuis le 16 février de 2019, un changement radical du pouvoir dans le pays où la répression sous différentes formes, est devenue le pain quotidien des Algériens.
« Ils m’ont torturé, agressé sexuellement et ils m’ont enlevé ma dignité », a lancé Walid Nekiche, un étudiant âgé de 25 ans, le lundi 1er février 2021, en pleine audience. Il est accusé, entre autres, de «complot contre l’Etat», et d’«incitation des citoyens à porter les armes contre l’autorité de l’Etat», alors que son seul tort est d’avoir osé exprimer ses opinions dans les réseaux sociaux.
Nekiche qui a tout nié en bloc lors de son procès, a été finalement condamné à six mois de prison pour une «possession de tracts» jamais présentés par l’accusation, avant d’être libéré après 14 mois de détention provisoire, au terme d’une instruction et d’un procès qualifiés d’«ahurissants» par ses défenseurs.
«C’est la première fois que l’on fait face à une telle horreur concernant un détenu d’opinion et un jeune manifestant. Quand on voit ce qu’ils lui ont fait subir…», allusion faite à un abus sexuel et aux tortures dont il a été victime, a réagi Me Nassima Rezazgui, membre du collectif de défense des détenus d’opinion en Algérie.
Le cas de cet étudiant n’est point un cas isolé en Algérie, où les services sécuritaires recourent à tous les moyens pour faire taire les voix des opposants au régime surtout parmi les étudiants, les journalistes et autres manifestants civils.
La crise économique aigue, un climat d’instabilité institutionnelle, un chômage battant tous les records et une grogne sociale contre la cherté de la vie et les bas salaires, constituent les ingrédients d’une bombe à retardement qui risque d’exploser à tout moment dans ce pays maghrébin qui regorge de gaz et de pétrole.