Abdelmajid Tebboune n’était pas très chaud à l’idée, mais le général Said Chengriha a insisté pour que le président accueille le chef du polisario Brahim Ghali devant les caméras, au moment où le groupe séparatiste n’a pratiquement plus de soutien en dehors de l’Algérie, d’après un responsable au Palais El Mouradia.
Bien sûr, pour être dans les bonnes grâce de la junte militaire, le président a constamment fait preuve, dans ses discours comme dans ses déclarations, d’un soutien sans faille à la cause du polisario.
Mais depuis son investiture en décembre 2019, il n’a jamais voulu tomber dans le ridicule en s’affichant côte à côte avec Brahim Ghali, chef d’une république théorique du Sahara qui n’a aucune reconnaissance internationale, d’après le même responsable.
Peu importe, les égards que peut nourrir le président par rapport à son poste de chef de la république d’Algérie sont le dernier soucis du puissant chef d’état-major de l’armée.
Parce que pour le général, la préoccupation critique du moment est la reprise du hirak, le mouvement de protestation populaire qui fait trembler tout le système. Face à cette vague de fond populaire, le général Changriha est déterminé à jouer jusqu’au bout la carte du Sahara, comme exutoire à la crise profonde que traverse le régime.
Parallèlement, à travers la photo montrant le président Abdelmajid Tebboune recevant jeudi Brahim Ghali, le général Chengriha cherche à valider un message selon lequel le polisario n’est pas mort.
Pour le chef d’état-major, cette image veut dire que le régime continuera à faire de la question du Sahara une affaire intérieure de l’Algérie. Ceci, même si le groupe séparatiste voit son rêve s’éloigner, privé de toute légitimité à l’ONU ou dans les principales capitales mondiales, et même si les États-Unis ont reconnu la souveraineté du Maroc sur le Sahara.