La Mission de l’ONU au Mali (Minusma) a rendu publiques ce mardi 30 mars, les conclusions de ses investigations menées après une frappe aérienne de la force militaire française «Barkhane» ayant fait 19 morts, le 3 janvier dernier, parmi les invités d’un mariage dans le village de Bounti, au centre du Mali.
Dans son rapport de trente-six pages, élaboré par quinze enquêteurs de l’ONU, appuyés par deux experts de la police scientifique des Nations unies, la Minusma affirme que la frappe française a tué au moins vingt-deux personnes dont dix-neuf civils et trois membres d’un groupe armé terroriste et pas moins de huit autres civils ont été blessés. Il n’y a pas de femmes ni d’enfants parmi les victimes, toujours d’après le document, puisque les hommes étaient rassemblés séparément des femmes et des enfants.
Le ministère français des Armées a salué, dans un communiqué, l’enquête de l’ONU tenue en toute indépendance, tout en maintenant d’emblée sa propre version des faits, selon laquelle «les forces armées françaises ont effectué une frappe aérienne ciblant un groupe armé terroriste identifié comme tel».
Ce département se félicite du fait que le rapport onusien reconnaît qu’aucune femme et aucun enfant n’a été touché par la frappe française, comme l’avait déjà souligné l’état-major français, mais s’inscrit en faux quant à la mention des civils parmi les victimes.
Le communiqué déplore aussi le fait que le rapport de l’ONU se base sur des témoignages locaux non vérifiables. « Les seules sources concrètes sur lesquelles se fonde ce rapport relèvent de témoignages locaux. Ils ne sont jamais retranscrits, l’identité des témoins n’est jamais précisée tout comme les conditions dans lesquelles ces témoignages ont été recueillis», souligne le ministère.
«il est dès lors impossible de distinguer les sources crédibles des faux témoignages d’éventuels sympathisants terroristes ou d’individus sous influence (y compris la menace) des groupes djihadistes», ajoute le communiqué.
Pour le ministère français des Armées, la frappe aérienne de la force Berkane «a suivi un processus de ciblage robuste qui permet d’assurer le strict respect des règles du droit des conflits armés».
Ainsi, la France « ne peut considérer que ce rapport apporte une quelconque preuve contredisant les faits tels que décrits par les forces armées françaises», a-t-il conclu tout en disant qu’il demeure à l’entière disposition de l’ONU.