Au Soudan du Sud, les autorités s’opposent clairement et farouchement à toute interview des rebelles et, par conséquent, à toute diffusion, par les médias exerçant dans le pays, des idéaux des ennemis du pouvoir en place.
Cette mesure intervient après la diffusion par une radio locale d’un entretien avec un chef rebelle qui, vraisemblablement, n’a pas été du gout du gouvernement.
«Nous vous fermerons, vous médias, si vous interviewez des rebelles ici pour relayer leurs projets ou politiques pour le Soudan du Sud», a prévenu ce lundi le ministre de l’Information, Michael Makuei, s’adressant à des journalistes.
Makuei explique qu’accorder la parole aux rebelles impliqués dans la guerre civile serait une manière d’encourager «l’agitation négative» au sein de la population. «Interviewer des rebelles pour leur permettre de disséminer leurs idées répugnantes auprès de la population et de contaminer les esprits n’est autre que de l’agitation négative», a-t-il déclaré.
Les intimidations à l’encontre des médias, sous différentes formes, n’est pas une nouveauté au Soudan du Sud. A l’international, des voix s’élèvent à plusieurs reprises pour condamner les obstructions à la liberté de presse dans ce jeune pays.
Le Comité pour la protection des journalistes (CPJ) a dénoncé, la semaine passée, une répression croissante des médias, matérialisée par des tueries des journalistes, la fermeture ou la menace de certains quotidiens…
L’ONG international interpelle ainsi les autorités à «permettre aux médias indépendants de relayer l’information librement sans peur de censure ou de représailles ».
C’est depuis décembre 2013 que le Soudan du Sud s’est engouffré dans une guerre civile, provoquée par la rivalité entre l’actuel président Salva Kiir et son ancien vice-président Riek Machar. Un énième cessez-le-feu a été signé début février, mais n’a pas été non plus respecté. La guerre a déjà causé des dizaines de milliers de morts et deux millions de sans-abris.