Olusegun Obasanjo, ex-chef d’Etat nigérian, a décidé de démissionner du parti démocratique populaire (PDP), le parti au pouvoir dont il avait été un des fondateurs. Cette décision non surprenante vient couronner ses griefs soulevés ces derniers jours contre l’actuel président Goodluck Jonathan.
«Dorénavant, je redeviens un simple Nigérian. Je suis prêt à coopérer avec quiconque, quelle que soit son affiliation politique», a déclaré, ce mardi, Obasanjo qui avait déjà signifié la semaine dernière son soutien au grand rival de Goodluck à la présidentielle, Muhammadu Buhari, de l’APC (All Progressives Congress, opposition).
Il a matérialisé sa rupture avec ses anciens alliés en déchirant publiquement sa carte de membre du parti au pouvoir. Un coup dur pour le PDP qui n’a pas manqué, par l’intermédiaire de son porte-parole, de manifester sa déception de voir Obasanjo «abandonner le parti dans une passe aussi critique».
L’ex-président, 77 ans, au pouvoir pendant deux mandats successifs, de 1999 à 2007, sous la bannière du PDP, reproche Goodluck, qu’il avait soutenu lors des élections de 2011, de vouloir frauder les élections en les reportant au 28 mars. Il critique également sa mauvaise gestion de la lutte contre la secte islamiste Boko Haram, sans oublier les affaires de corruption dans le secteur pétrolier dénoncées bien avant. Par contre, il dément l’allégation formulée contre lui par la présidence qu’il complotait un coup d’Etat pour diriger le gouvernement intérimaire qui devrait voir le jour.
De son côté, le PDP, qualifiant les actions de l’ex-président contraires aux idéaux du parti, a notifié son expulsion de la formation politique, qui s’accompagne, précise-t-on, de la perte de ses droits et privilèges dont il était bénéficiaire.
L’Armée nigériane, accusée par Obasanjo d’avoir comploté avec Goodluck pour reporter les élections, a affirmé, pour sa part, qu’elle est une «institution républicaine qui se laisse guider par les intérêts supérieurs du pays».