Le Parlement libérien a reçu jeudi, de la part d’une quinzaine d’organisations de la société civile, une proposition d’un texte de loi portant sur la mise en place d’un tribunal pour statuer sur les crimes commis pendant les quatorze années de guerre au Liberia.
Ce pays d’Afrique de l’Ouest a connu l’un des conflits les plus atroces du continent africain, avec 250.000 morts et des centaines de milliers de déplacés, de 1989 à 2003.
«Nous avons rédigé ce texte de loi pour l’établissement d’un tribunal pour crimes de guerre. Nous ne l’avons pas seulement rédigé, nous en avons fait 176 copies pour que chaque membre de la législature ait la sienne», a déclaré Tiawon Gongloe, président de l’Association du Barreau libérien, qui figure parmi les représentants de ces organisations.
Personne n’a encore été poursuivi ni condamné au Liberia pour les crimes commis pendant la guerre civile, tandis que de nombreuses personnalités impliquées dans le conflit occupent toujours des postes importants dans le pays.
Pour certains observateurs, ce dossier est très sensible et les autorités n’affichent pas une détermination ferme de s’y atteler.
Le 18 juin dernier, un ex-commandant rebelle libérien, Alieu Kosiah a été condamné à 20 ans de prison par la Cour des affaires pénales du Tribunal pénal fédéral suisse, qui l’a reconnu coupable de multiples atrocités, notamment de meurtres, de viols et d’utilisation d’enfants soldats au Liberia.
Kosiah, 46 ans, est détenu en Suisse, depuis son arrestation en novembre 2014. Il est le premier à être condamné pour crimes perpétrés pendant la guerre au Liberia.
«En brisant le mur de l’impunité, ce verdict marque une avancée majeure pour les victimes libériennes et pour le système judiciaire suisse», avait alors déclaré Balkees Jarrah, directrice adjointe du Programme Justice internationale de l’ONG Human Rights Watch.