La police fédérale allemande utilise secrètement depuis des années, le logiciel espion Pegasus de fabrication israélienne et qui lui sert d’outil pour surveiller les personnes suspectes, ont révélé ce mardi, deux quotidiens allemands largement repris par des médias internationaux.
D’après les révélations de Zeit et Süddeutsche Zeitung, l’Office fédéral de police criminelle (en allemand : Bundeskriminalamt – BKA) possède bel et bien le logiciel Pegasus qu’elle utilise depuis 2017, pour traquer les suspects et les personnes recherchées.
Le Bundeskriminalamt (BKA), un organisme de la police fédérale d’Allemagne qui relève du ministère de l’Intérieur, avait conclu en catimini un contrat avec la société israélienne NSO qui commercialise le logiciel d’espionnage Pegasus, rappellent les deux médias allemands.
Plusieurs sources proches des services de sécurité allemands, assurent que cette transaction entre le Bundeskriminalamt et NSO a été entourée de secret, sachant que l’utilisation du logiciel d’espionnage israélien Pegasus est contestée sur le plan légal par des ONG de défense des droits de l’homme aussi bien en Allemagne qu’ailleurs dans d’autres pays occidentaux.
La police fédérale allemande, rappellent les mêmes sources, avait assisté en 2017, à une démonstration des capacités du logiciel Pegasus à Wiesbaden, où s’est déplacée une délégation de NSO Groupe venue spécialement d’Israël.
Les services juridiques du BKA et le ministère de l’Intérieur allemand s’étaient dits à cette occasion, préoccupés par les capacités extrêmement larges offertes par le logiciel espion.
De son côté, la société israélienne NSO présente sur son site ce logiciel comme un outil permettant de « détecter et prévenir le terrorisme et la criminalité », et ne le vend que sous des conditions et exclusivement aux services de police et de renseignement des pays en bons termes avec Israël.
Une fois installé sur un iPhone ou un Android, le logiciel Pegasus prend complètement le contrôle du téléphone ciblé, et permet de le surveiller en temps réel, d’écouter les conversations de son propriétaire et même d’activer l’appareil photo, d’enregistrer les archives des messageries, d’accéder aux mots de passe ou encore de déclencher le suivi de la géolocalisation de l’appareil.
C’est pour ces raisons que la Cour constitutionnelle fédérale allemande avait décidé le 19 mai 2020, que les services d’enquête ne pouvaient infiltrer les ordinateurs et téléphones de suspects que dans des cas très spécifiques et pour n’enregistrer que des éléments limités.