Le Groupe de travail de l’ONU sur l’utilisation de mercenaires a alerté mardi sur le risque d’augmentation des violations des droits humains au Mali, consécutif au recours des autorités de Bamako à des sociétés militaires et de sécurité privées, dans un rapport transmis aux Etats membres.
Les experts indépendants de l’ONU se disent en effet préoccupés par la participation croissante des prestataires privés de services militaires et de sécurité à l’action humanitaire, qui est susceptible de compromettre l’efficacité de la sécurité en tant que fonction incombant à l’Etat.
« Le Groupe de travail est alarmé par le fait que des sociétés militaires et de sécurité privées opèrent à proximité immédiate des populations vulnérables, y compris dans le contexte de crises sanitaires telles qu’Ebola ou la Covid-19 », a indiqué la présidente du Groupe, Jelena Aparac.
Les experts s’insurgent, entre autres, contre « l’usage inconsidéré et excessif de la force » de la part des employés de ces sociétés lorsqu’elles sont sollicitées pour la sécurité des convois, de personnel et de volontaires locaux d’aide humanitaire. De nombreux civils auraient déjà succombé dans ce cadre.
Le Groupe cite le cas de la République centrafricaine où des « sociétés militaires et de sécurité privées russes soutenant les structures militaires de l’Etat contre les groupes rebelles, ont également fait l’objet d’allégations graves».
« Lorsque les Etats sous-traitent leurs fonctions à des acteurs non étatiques, y compris à des sociétés militaires et de sécurité privées, ils sont alors responsables de la conduite de ces derniers », ont fait valoir les experts qui préconisent l’adoption d’un cadre réglementaire international contraignant régissant la conduite des sociétés concernées.
Ces derniers jours, l’intention du Mali de solliciter la société privée russe Wagner a fait réagir la France et l’Allemagne. Ce mardi, c’était au tour de l’Union européenne (UE) de mettre en garde Bamako.
Une implication de Wagner « affecterait sérieusement la relation entre l’UE et le Mali », a averti le chef de la diplomatie européenne, Josep Borrell.