Des dizaines de milliers de Soudanais ont marché dans plusieurs villes du pays pour exiger un transfert du pouvoir aux civils, ce jeudi 21 octobre, une date symbolique qui coïncide avec le 57e anniversaire de la première « révolution » qui avait renversé un pouvoir militaire au Soudan.
Ils demandent au général Abdel Fattah al-Burhane, qui est à la tête du Conseil de souveraineté, de quitter le pouvoir. Cet organe qui compte en son sein des civils et des militaires, avait été mis en place pour chapeauter, avec le gouvernement civil, la transition mise en route après la chute du régime du président Omar el-Béchir.
Leurs marches ont lieu six jours après le début du sit-in qu’observent les partisans d’un « gouvernement militaire » devant le palais présidentiel. Ces derniers estiment que le gouvernement du Premier ministre Abdallah Hamdok, un ancien économiste de l’ONU, n’a pas répondu jusque-là aux attentes des Soudanais.
Les pro-civils, plus nombreux que les pro-militaires, auraient évité d’approcher les environs du palais présidentiel pour éviter des affrontements. Les manifestations de ce jeudi se seraient déroulées sans heurts majeurs, à la satisfaction du chef du gouvernement qui a remercié la police. Un seul incident a eu lieu dans la ville d’Omdourman où la police a tiré des grenades lacrymogènes sur les manifestants aux portes du Parlement.
Hamdok s’est félicité des citoyens pro-civils pour « leur pacifisme et leur attachement à la liberté et à la démocratie », assurant que « leur voix a été entendue » et qu’« il n’y aura pas de recul sur les objectifs de la révolution ».
Nombreux partisans d’un pouvoir civil considèrent que l’initiative des pro-armée d’appeler à un pouvoir non civil est une manœuvre des militaires qui veulent reprendre le contrôle du pays. D’où leur décision de garder le cap, par la poursuite des marches, et de ne pas tolérer un retour en arrière après la révolution qui avait chassé el-Béchir du pouvoir.