Malgré la pression des guides religieux, très influents dans le pays, le Bénin est devenu depuis jeudi 20 octobre, l’un des très rares pays d’Afrique à légaliser l’avortement.
La loi votée par l’Assemblée nationale dans la nuit du mercredi au jeudi divise fortement l’opinion dans ce pays où l’interruption volontaire de grossesse (IVG) était auparavant interdite sauf circonstances exceptionnelles, notamment lorsque la grossesse était contractée à la suite d’un viol, d’une relation incestueuse ou en cas de risque pour la vie de la femme.
Il s’agit d’une modification de la loi sur la santé sexuelle et la reproduction datant de 2003. Désormais, à la demande de la femme enceinte, l’avortement «peut être autorisé» jusqu’à douze semaines «lorsque la grossesse est susceptible d’aggraver ou d’occasionner une situation de détresse matérielle, éducationnelle, professionnelle ou morale», selon la nouvelle loi.
Elle a été adoptée à l’issue d’un débat houleux au sein de l’hémicycle, certains députés ont même quitté la salle. Après le vote, le ministre de la Santé Benjamin Hounkpatin a «salué la clairvoyance des députés», au cours d’un point presse.
A ses yeux, la légalisation de l’avortement va «permettre de soulager les peines de nombreuses femmes qui, face à la détresse d’une grossesse non désirée, se trouvent obligées de mettre leur vie en jeu».
Chaque année, selon des chiffres du gouvernement, près de 200 femmes meurent au Bénin des suites de complications d’un avortement. «Plusieurs familles continuent de pleurer la perte d’un enfant, d’une épouse, d’une mère partie tragiquement à la suite d’un avortement compliqué. Ces blessures sont irréparables. Pourtant, on peut bien éviter ce drame qui se joue sous nos yeux», a ajouté le ministre.
Au Bénin, pays très religieux, la mesure a déclenché une levée de bouclier d’une partie de la société, et notamment de la Conférence épiscopale du pays qui dans un communiqué la veille, elle affirmait que «la légalisation de l’avortement est la culture de la mort». Et invitait les députés à penser à des «alternatives honnêtes et fiables pour remédier aux maux que l’on entend solutionner par la légalisation de l’avortement».