Plusieurs milliers de manifestants tunisiens se sont rassemblées dimanche à proximité du Parlement à Tunis, pour protester à nouveau contre la décision du président Kais Saied de s’arroger les pleins pouvoirs, dénonçant un «coup d’Etat».
Après des mois de blocage politique et au milieu d’une grave crise socio-économique et sanitaire, Kais Saied a invoqué le 25 juillet un «péril imminent» pour limoger le Premier ministre, suspendre les activités du Parlement et reprendre en main le pouvoir judiciaire.
Mais pour les manifestants, «le projet de Kais est la guerre civile». Aux premiers rangs de la manifestation se trouvaient plusieurs députés du Parlement dissous, issus de la gauche ou du parti d’inspiration islamiste Ennahdha.
Un impressionnant dispositif de police bloquait tous les accès au Parlement. Drapeau tunisien à la main, les protestataires, rassemblés à moins d’un kilomètre du Parlement, criaient aussi leur opposition aux poursuites lancées par des tribunaux militaires à l’encontre de civils.
Mercredi dernier, l’ONG Amnesty International a dénoncé le nombre «croissant de civils qui font l’objet de poursuites devant des tribunaux militaires», soulignant qu’en seulement trois mois, «la justice militaire a lancé des enquêtes ou jugé au moins 10 civils».
Le 22 septembre, le président Saied a promulgué un décret officialisant la suspension de plusieurs chapitres de la Constitution et instaurant des «mesures exceptionnelles», censées être provisoires, le temps de mener des « réformes politiques », dont des amendements à la Constitution de 2014.
Depuis, il légifère lui-même, a gelé le fonctionnement du Parlement et les salaires des députés, et préside le Conseil des ministres. Il a ensuite nommé la scientifique Najla Bouden comme Premier ministre le 29 septembre, qui a formé un gouvernement le 11 octobre.