L’opposante béninoise et ancienne ministre, Reckya Madougou a été condamnée, samedi 11 décembre à Porto-Novo, à 20 ans de prison pour terrorisme, par la Cour de répression des infractions économiques et du terrorisme (Criet), suscitant l’indignation de l’opposition dans son ensemble.
L’ancienne garde des Sceaux et porte-parole du gouvernement béninois, 47 ans, a été reconnue coupable de « complicité d’actes terroristes », car accusée d’avoir financé une opération visant l’assassinat de quelques personnalités politiques en vue de saboter la présidentielle d’avril passé.
«Je n’ai jamais été et je ne serai jamais une terroriste», a déclaré après le verdict, Madougou qui avait déjà souligné pendant le procès «ne pas se faire d’illusion» quant à son issue.
Cette lourde condamnation est une manière de détruire la vie de Madougou, a estimé son parti Les Démocrates, après un conseil national extraordinaire tenu quelques heures après le procès.
«Notre candidate a été recalée (à la dernière présidentielle, ndlr). Puis, en mars, elle a été kidnappée et jetée en prison. Nous nous attendions à ce que les élections passées, le pouvoir chercherait à apaiser la tension. Mais 20 ans de prison, c’est une vie qu’on est en train de détruire», a réagi le vice-président du parti, Basile Ahossi.
Alors que l’opposante dispose de 15 jours pour faire appel, sa formation politique envisagerait la possibilité de s’adresser directement au président Patrice Talon qui, selon elle, détient la solution entre ses mains. «Même s’il y a des recours potentiels, nous pensons que tout va se décider au niveau du chef de l’Etat», a poursuivi Ahossi.
De nombreux opposants ont qualifié le procès de l’ex-ministre de «politique». La Criet a condamné, mardi 7 décembre, l’opposant Joël Aïvo à dix ans de prison pour «complot contre l’autorité de l’État» et «blanchiment de capitaux».
En 2020, c’est l’opposant Sébastien Ajavon qui avait écopé de 25 ans de prison pour trafic de drogue et «faux, usage de faux et escroquerie».