Le Premier ministre du Soudan, Abdallah Hamdok a finalement annoncé sa démission ce dimanche 2 janvier, sur fond d’une nouvelle journée de manifestations qui s’est soldée par au moins trois morts.
«J’ai tenté de mon mieux d’empêcher le pays de glisser vers la catastrophe, alors qu’aujourd’hui il traverse un tournant dangereux qui menace sa survie (…) au vu des conflits entre les composantes (civile et militaire) de la transition (…) Malgré tout ce qui a été fait pour parvenir à un consensus […] cela ne s’est pas produit», a-t-il déclaré dans un discours télévisé à la nation.
Le Premier ministre démissionnaire, évincé par un putsch militaire le 25 octobre dernier, avait été rétabli fin novembre dans ses fonctions par le général Abdel Fattah al-Bourhane, le chef de l’armée qui l’avait écarté. Un accord politique avait été conclu entre les deux hommes, provoquant la colère des anti-militaires.
Depuis lors, la pression n’a pas baissé dans la rue à travers des manifestations. Hamdok, qualifié de «traitre ayant pactisé avec le diable», a beau assuré ses compatriotes sur sa bonne foi ainsi que sur sa volonté de faire «cesser l’effusion de sang» et de sauvegarder «les acquis de la révolution», mais en vain. Le mouvement de contestation a continué à lui réclamer la suspension de l’accord signé avec l’armée.
Sa démission, qui n’est pas un événement aux yeux des manifestants, ne mettra pas fin à leur mobilisation, assurent-ils, rappelant qu’ils ne baisseront pas les bras tant que les militaires auront le pouvoir entre leurs mains.
Trois personnes ont été tuées par des balles ou des coups de bâton des forces de sécurité, lors des manifestations de ce dimanche, d’après un syndicat de médecins pro-démocratie.
Deux jours plus tôt, un conseiller du général Burhane a estimé que « les manifestations ne sont qu’une perte d’énergie et de temps» et n’aboutiront «à aucune solution politique». Abdallah Hamdok préconise, lui, une réunion pour envisager un nouvel accord pour la transition politique dans le pays.