Le Gouvernement malien a accordé à l’ambassadeur de France à Bamako, Joël Meyer, jugé persona non grata, un délai de 72 heures pour quitter le Mali, a annoncé lundi l’exécutif dans un communiqué relayé par la télévision d’Etat.
«Le Gouvernement de la République du Mali informe l’opinion nationale et internationale que, ce jour, lundi 31 janvier 2022, l’Ambassadeur de France à Bamako SEM Joël Meyer a été convoqué par le ministre des Affaires étrangères et de la Coopération internationale qui lui a notifié la décision du Gouvernement qui l’invite à quitter le territoire national dans un délai de 72 heures», souligne le gouvernement malien.
L’expulsion de Joël Meyer en poste à Bamako depuis octobre 2018, fait suite, selon le communiqué, «aux propos hostiles et outragés du ministre français de l’Europe et des Affaires étrangères (Jean-Yves Le Drian) tenus récemment, à la récurrence de tels propos par les autorités françaises à l’égard des autorités maliennes en dépit des protestations maintes fois élevées ».
Pour rappel, le 27 janvier, le Chef de la diplomatie française avait qualifié, la junte malienne d' »illégitime » et ses décisions d' »irresponsables », en réaction à l’obligation faite par la junte au Danemark de retirer ses forces spéciales du Mali.
«Le Gouvernement du Mali condamne vigoureusement et rejette ces propos qui sont contraires au développement de relations amicales entre nations», ajoute l’exécutif malien, tout en réitérant «sa disponibilité à maintenir le dialogue et poursuivre la coopération avec l’ensemble de ses partenaires internationaux y compris la France, dans le respect mutuel et sur la base du principe cardinal de non-ingérence, conformément aux aspirations légitimes du Peuple Malien».
Le Premier ministre de transition malien, Choguel Kokalla Maïga, a déjà dénoncé samedi à Kita, dans le sud-ouest du pays, le «terrorisme politique, diplomatique et médiatique» mené contre son pays, allusion faite, à la France qui serait, selon lui, derrière les lourdes sanctions économiques imposées au Mali, par la CEDEAO le 9 janvier dernier.
Du côté français, le ministère des Affaires étrangères a déclaré ce lundi que la France « prend note de la décision des autorités de transition (maliennes) de mettre fin à la mission de l’ambassadeur de France au Mali », et réitère « sa solidarité vis-à-vis de ses partenaires européens, en particulier du Danemark », dont le contingent vient d’être expulsé par la junte au pouvoir à Bamako.
La tension est ainsi montée d’un cran dans les rapports diplomatiques entre le Mali et la France, l’ancienne puissance coloniale engagée militairement contre les jihadistes au Mali et au Sahel depuis 2013.