Deux jours après sa dissolution sur une décision du chef de l’Etat Kais Saeid, le siège du Conseil supérieur de la magistrature (CSM) a été fermé ce lundi par la police tunisienne.
Le président tunisien Kais Saied, qui concentre tous les pouvoirs depuis le 25 juillet, après avoir limogé son Premier ministre et gelé le parlement, a décidé dimanche de dissoudre le Conseil supérieur de la magistrature, organisme indépendant chargé de nommer les juges, en l’accusant d’être partial et au service de certains intérêts.
«Des forces de la police ont empêché lundi tout accès au siège du CSM», a déclaré lundi, Youssef Bouzakher, président de cet organe de supervision judiciaire.
«Cette fermeture illégale et sans aucun motif juridique prouve que nous avons atteint une étape dangereuse où le pouvoir exécutif s’empare des institutions de l’Etat et de la magistrature en utilisant la force», a-t-il déploré.
Le président Saied accuse cet organe constitutionnel indépendant de corruption et d’avoir ralenti des procédures, dont les enquêtes sur les assassinats de militants de gauche survenus en 2013.
Le «Mouvement du 25 juillet», qui regroupe ses partisans, avait appelé samedi dernier Said Saied à dissoudre le CSM pour «purger» le pouvoir judiciaire de «magistrats corrompus».
Le CSM a rejeté, dans un communiqué, sa dissolution «en l’absence d’un cadre juridique et constitutionnel», y voyant «une atteinte à la Constitution et aux garanties d’indépendance de la justice».
Le CSM, instance indépendante créé en 2016 pour nommer les juges, est composé de 45 magistrats, pour les deux tiers élus par le Parlement et qui désignent eux-mêmes le tiers restant.
Saied a tenu à rassurer lundi, qu’il n’avait aucune intention d’interférer dans le fonctionnement de la justice après la dissolution du CSM.