Le parquet militaire au Burkina Faso a requis, mardi 8 février lors du procès sur l’assassinat de Thomas Sankara, trente années de prison ferme contre l’ancien président Blaise Compaoré qu’il a accusé «d’attentat à la sûreté de l’Etat», de «recel de cadavre» et de «complicité d’assassinat».
Blaise Compaoré, exilé en Côte d’Ivoire depuis la chute de son régime en 2014, était jugé en son absence. Pour le parquet, il est le principal commanditaire de l’assassinat de son prédécesseur Sankara et ses douze compagnons, en octobre 1987.
La justice militaire s’est également prononcée contre Hyacinthe Kafondo, ancien commandant de la garde présidentielle de Compaoré et Gilbert Dinedéré, l’un des chefs de l’armée d’alors. Le procureur a requis 30 ans de prison contre le premier, considéré comme celui qui avait assuré la coordination du commando, et accusé d’«attentat à la sûreté de l’Etat» et d’«assassinat». Il avait fui son pays depuis 2016.
Vingt ans de prison ont été requis pour le second, principal accusé présent, reconnu coupable de «complicité d’assassinat», «complicité de recel de cadavre» et de «subornation de témoins». Diendéré purge déjà une peine de 20 ans pour une tentative de putsch en 2015.
D’autres peines d’emprisonnement ferme ont été également prononcées à l’endroit du reste des accusés. En revanche, cinq accusés ont bénéficié d’un acquittement.
«Nous demandons au tribunal de rendre justice aux familles. Nous ne voulons pas une vengeance, nous demandons simplement justice», a indiqué Me Prosper Farama, l’avocat de la famille Sankara qui a regretté qu’aucun des accusés ne se soit repenti. Blaise Compaoré a toujours nié toute implication dans l’assassinat de Sankara et ses collaborateurs.
De son côté, le secrétaire général du comité mémorial Thomas Sankara, Luc Damiba, s’est dit déçu des peines requises. Le procès va se poursuivre avec les plaidoiries des avocats de la défense.