La situation sociopolitique en Tunisie où le président Kais Saied concentre désormais entre ses mains, la quasi-totalité des pouvoirs, a fait réagir la France qui par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Jean-Yves Le Drian, s’est dite «préoccupée» par la dernière décision du président tunisien d’étendre son pouvoir sur le système judiciaire.
Selon Le Drian qui s’exprimait devant la Commission des Affaires étrangères de l’Assemblée nationale, «il y a un certain nombre d’actions préoccupantes initiées par le président Kais Saied. Je pense en particulier à la dissolution du Conseil supérieur de la magistrature».
Pour le chef de la diplomatie française, il faut «vraiment que l’équipe au pouvoir avec la Première ministre, Najla Bouden, mène cette logique-là le plus vite possible pour éviter qu’il y ait une accumulation de crises dans un pays qui est en grande difficulté économique».
Depuis le 25 juillet 2021 M. Saied, soutenu par l’armée et les services de sécurité, a déjà pris une série de mesures renforçant son pouvoir, faisant craindre à ses détracteurs, un retour vers un pouvoir autoritaire.
Après avoir suspendu le Parlement élu et avoir limogé le gouvernement en juillet, le président Saied a dissous le 5 février le Conseil supérieur de la magistrature (CSM), une instance indépendante créée en 2016 pour nommer les juges, qu’il accuse de « partialité » et d’être sous l’influence du parti islamo-conservateur Ennahdha, sa bête noire.
Dimanche 13 février, le chef d’Etat s’est également donné le pouvoir de limoger des juges et de leur interdire de faire la grève. Quelques heures après la publication de cette décision, plus de 2.000 manifestants se sont rassemblés dans le centre de Tunis pour protester contre les nouvelles mesures et exprimer leurs craintes quant à l’indépendance du système judiciaire.