L’Eglise catholique burundaise, la première force morale du pays, a exprimé son opposition face à la possibilité pour le président Pierre Nkurunziza de briguer un troisième mandat en juin prochain.
Cette position officielle vient après plusieurs mois de réflexions au sein de la conférence des évêques. «Après analyse de l’accord de paix d’Arusha (Tanzanie) et de la Constitution qui en est issue, en interrogeant notre cœur comme des citoyens qui aiment leur pays et comme des bergers de l’Eglise (…), nous disons que les Burundais ont convenu sans aucune ambigüité que toute personne élue pour diriger le Burundi ne peut aller au-delà de deux mandats de cinq ans chacun», a déclaré l’archevêque de Bujumbura, Mgr Evariste Ngoyagoye, dans un discours publié samedi par la presse locale. La position de l’Eglise a été annoncée dans toutes les paroisses lors de la messe de ce dimanche.
La puissante Eglise catholique rejoint ainsi l’opposition burundaise, voire l’Union européenne et les Etats-Unis également contre un nouveau mandat pour l’actuel chef d’Etat. Ella a décrété en plus une période de prière, du 13 au 21 mars prochain, en vue d’une «alternance au sommet dans la sérénité et la paix, à travers des élections transparentes.»
Le clan présidentiel a jusqu’ici refusé de parler d’un troisième mandat de Nkurunziza, dans la mesure où il a été élu, pour son premier mandat, par le Parlement. Par ailleurs, le chef de la diplomatie burundaise, Laurent Kavakure, a souligné que «l’accord d’Arusha ne doit pas être considéré comme une Bible», les Burundais étant les mieux placés pour évaluer les risques éventuels.
Le Burundi qui a connu une longue guerre civile (1993-2006) est en proie à des nouveaux conflits si les divergences demeurent. Selon certains observateurs, la position des Catholiques consiste aussi à contrer l’avancée des Protestants qui auraient pris le contrôle de l’Etat avec l’accession de Nkurunziza au pouvoir.