Des milliers de tunisiens ont manifesté dimanche à Tunis à l’appel du Parti Destourien Libre (PDL, opposition) pour dénoncer l’«accaparement du pouvoir» par le président Kais Saied et la crise économique dans laquelle est plongé le pays.
«La pauvreté a augmenté», «la famine est à nos portes», scandaient les manifestants qui étaient au moins 2.000 personnes, dans le centre-ville.
Certains des participants, venus à l’appel du PDL, parti anti-islamiste de Mme Abir Moussi, brandissaient des baguettes et des pancartes en anglais (« Tunisian wake up ») et en français: « L’Etat tunisien est au bord de l’effondrement».
Saied, élu démocratiquement fin 2019, s’est octroyé les pleins pouvoirs depuis le 25 juillet dernier. Il a gelé depuis cette date les activités du Parlement, accusant cette instance, dominée pendant 10 ans par le parti islamo-conservateur Ennahdha, sa bête noire, de bloquer toute décision.
Ces dernières semaines, la Tunisie déjà engluée dans une grave crise économico-sociale avec une inflation et un chômage très élevé, est confrontée à des pénuries d’aliments de base.
Le président Saied travaille sur une nouvelle législation prévoyant des sanctions pouvant aller jusqu’à l’emprisonnement des commerçants impliqués dans les spéculateurs face à une pénurie de produits alimentaires de base comme la semoule et la farine.
L’invasion de l’Ukraine par la Russie a rajouté une couche au difficultés de la Tunisie, très dépendante de l’étranger pour son alimentation, notamment pour le blé, dont elle importe la moitié de ses besoins, essentiellement en provenance d’Ukraine.
Par ailleurs, la Tunisie a entamé en février des discussions préliminaires avec le Fonds monétaire international (FMI) dans l’espoir d’obtenir plusieurs milliards de dollars pour sauver son économie lourdement endettée.