La justice guinéenne a annoncé, mercredi, des poursuites à l’encontre de l’ex-chef d’Etat, Alpha Condé et d’une trentaine d’anciens hauts responsables sous sa présidence, pour assassinats, actes de torture et enlèvements.
Dans ses réquisitions transmises à la presse, le procureur général de Conakry, Alphonse Charles Wright, «a donné instructions aux fins de poursuites judiciaires par voie de dénonciation contre M. Condé et 26 autres personnalités pour meurtre, assassinat et complicité, disparitions forcées, détentions, enlèvements, acte de torture, coups et blessures volontaires, viols et agressions sexuelles ou encore actes de pillage».
Il a également demandé au procureur de Dixinn (banlieue de Conakry) d’engager les poursuites «sans délai». Le procureur général, nommé par la junte au pouvoir, a communiqué aux journalistes la liste des personnalités visées par les poursuites, outre Condé dont le régime a été renversé en septembre dernier.
Parmi elles figurent un ancien président de la Cour constitutionnelle, d’anciens présidents de l’Assemblée, un ancien Premier ministre et plusieurs anciens ministres, députés et responsables des services de sécurité.
L’ancien président et ses anciens proches collaborateurs sont tous interdits de sortie du pays. Les autres concernés, absents du territoire national, sont visés par des mandats d’arrêt.
D’après les sources de l’AFP, les poursuites ont été enclenchées suite à une plainte émanant du Front national de défense de la Constitution (FNDC), ce collectif qui avait fortement contesté à travers des manifestations, un troisième mandat d’Alpha Condé. Pour le FNDC, la protestation violemment réprimée par le pouvoir, pendant des mois, aurait coûté la vie à des dizaines de civils.
Arrivé au pouvoir en 2010 par les urnes, Alpha Condé avait été réélu en 2015. Après avoir fait modifier la Constitution, il a obtenu un troisième mandat en 2020. Mais à peine une année environ d’exercice, il a été renversé par un putsch conduit par le colonel Mamady Doumbouya.