Le président tunisien Kais Saied, qui s’est octroyé les pleins pouvoirs en juillet dernier, a révoqué ce jeudi, 57 magistrats pour corruption et entrave à des enquêtes.
Selon le journal officiel, 57 magistrats ont été révoqués pour «dissimulation d’affaires terroristes, corruption, harcèlement sexuel, collusion» avec des partis politiques et «perturbation du fonctionnement de la justice».
Saied a amendé la loi qui régit le Conseil Supérieur de la Magistrature (CSM), autorité de tutelle de la justice en Tunisie, pour pouvoir révoquer les juges et magistrats, invoquant une «atteinte à la sécurité publique ou à l’intérêt suprême du pays».
Le décret lui permet de limoger «tout magistrat en raison d’un fait qui lui est imputé de nature à compromettre la réputation du pouvoir judiciaire, son indépendance ou son bon fonctionnement».
Le Front de salut national, une coalition d’une dizaine d’organisations d’opposants, dont le parti d’inspiration islamiste Ennahdha, bête noire de Kais Saied, a dénoncé ces révocations basées «sur de simples soupçons sans décision judiciaire».
Les Etats-Unis ont aussi déploré une «série alarmante de mesures qui sapent les institutions démocratiques indépendantes de la Tunisie».
En février, Kais Saied avait dissous le CSM avant de le rétablir à titre provisoire, en changeant sa composition, pourtant, il s’agit d’un organe constitutionnel indépendant, établi en 2016, dont les membres sont élus en majorité par le Parlement.
Saied a également modifié récemment la composition de l’autorité électorale (Isie) qui supervise les élections dans le pays. Depuis le 25 juillet 2021, Kais Saied concentre tous les pouvoirs et dirige la Tunisie par décrets-lois et a une soif inouïe de chambouler sans s’inquiéter, le paysage politique et institutionnel du pays.
Pour sortir de l’impasse politique, le président a proposé une feuille de route qui prévoit pour le 25 juillet, un référendum sur la révision de la Constitution et des législatives anticipées pour le 17 décembre 2022.