L’Association Marocaine de Lutte contre l’Avortement Clandestin (AMLAC) a officiellement ouvert le débat sur l’avortement au Maroc, malgré les voix qui s’opposent à l’interruption volontaire de la grossesse, jugée contraire aux préceptes islamiques.
Le sujet de l’avortement, tabou pour de nombreux marocains, a été remis au goût du jour lors du « débat national sur la question de l’amendement de la loi sur l’avortement », qui s’est tenu la semaine dernière à Rabat.
Cette rencontre, lancée à la demande du ministre marocain de la santé Houcine Louardi, a notamment mis en lumière la situation catastrophique dans laquelle sont livrées les femmes désirant avorter. La pratique, interdite par la loi, ne laisse effectivement pas d’autres choix aux patientes que de passer par les méthodes d’avortements clandestines, souvent dangereuses et risquées pour leurs vies.
A l’issue de ce débat, les différentes parties ont convenu de l’élaboration d’un plan d’action contre l’avortement clandestin en mettant à jour la législation qui entoure ce sujet hautement sensible. Le roi Mohammed VI, prenant les devants sur cette question, comme il l’avait fait en 2004 pour le statut de la femme, a donné un mois aux ministres de la Justice et des Affaires Islamiques afin de proposer une réforme de la loi pénalisant l’avortement.
Cette annonce, chaleureusement accueillie par de nombreux acteurs de la société civile, a particulièrement marqué le professeur Chafik Chraibi. Le gynécologue marocain avait, il y a un peu plus d’un mois, été limogé avant d’être rétabli dans son poste de chef du service de gynécologie dans un hôpital de Rabat, pour avoir témoigné dans un documentaire sur la situation catastrophique de l’avortement au Maroc.
Le sujet de la légalisation de l’avortement au Maroc, malgré un fort soutien du monde associatif, fait face à l’opposition des milieux conservateurs qui le jugent contraire aux préceptes islamiques. Le combat aujourd’hui consiste à faire évoluer la législation qui bannit catégoriquement toute forme d’avortement sauf si la vie de la mère est en danger.