L’organisation Amnesty International (AI) a fait savoir, mardi dans un communiqué, que les interdictions répétées de manifester au Sénégal et la mort de personnes dans le contexte de ces manifestations constituent une menace réelle pour le droit de manifester dans ce pays ouest-africain.
Evoquant la marche prévue ce mercredi 29 juin par la coalition de l’opposition Yewwi Askan Wi (YAW), Amnesty a invité les autorités sénégalaises «à garantir le droit de réunion pacifique, à mener des enquêtes indépendantes et impartiales sur les morts lors de précédentes manifestations et à proscrire l’usage excessif de la force par les forces de défense et de sécurité».
L’ONG internationale de défense des droits de l’homme explique que le recours à la force par les forces de sécurité doit être nécessaire et proportionnel au but légitime du maintien de l’ordre, et le recours aux armes à feu est illégal sauf dans les cas de danger imminent de mort ou de blessure grave pour soi ou pour autrui.
YAW poursuit ses protestations contre le rejet de sa liste nationale menée par l’opposant Ousmane Sonko en prévision des prochaines élections législatives prévues fin juillet, ignorant la mesure officielle de l’interdiction de manifester.
La dernière marche du 17 juin avait été émaillée de heurts des manifestants avec les forces de l’ordre et s’était soldée par la mort de trois manifestants à Dakar et en Casamance. Certaines personnes avaient été arrêtées dont des figures de la coalition.
Le maire de la commune de Guédiawaye, Ahmed Aidara, a été jugé et condamné pour «participation à un attroupement non armé», à une peine d’un mois de prison avec sursis et à une amende de 50.000 FCFA, tandis que le député Dethié Fall a été condamné à six mois de prison avec sursis pour participation à une manifestation non-autorisée.
«Nous appelons les autorités judiciaires à ouvrir une enquête sans délai sur ces incidents du 17 juin, et la conduire de manière indépendante et impartiale. S’il y a des éléments de preuves de violences illégales et de meurtres commis par des membres des forces de sécurité, ces personnes doivent être poursuivies et jugées», a conclu Amnesty International dans son communiqué.