Deux organisations burkinabè de défense des droits humains ont dénoncé dans deux communiqués publiés ce 14 août, les «exécutions sommaires et extrajudiciaires de plus de 40 personnes» au Burkina Faso impliquant, les forces armées du pays.
«Le Collectif contre l’impunité et la stigmatisation des communautés (CISC) a été saisi depuis le lundi 08 août par plusieurs témoins et parents de victimes de la commune de Tougouri, plus précisément dans le village de Taffogo dans la région du Centre-Nord, de plusieurs cas d’enlèvements suivis d’exécutions sommaires et extrajudiciaires», indique cette ONG de défense des droits humains dans un communiqué.
«Au total, plus de 40 corps ont été retrouvés plus tard le long de la route Taffogo-Bouroum», précise le CISC, ajoutant que «ces personnes tuées avaient toutes les mains ligotées et les yeux bandés».
Selon l’ONG, des témoignages concordants décrivent «les présumés auteurs de ces enlèvements suivis d’exécutions systématiques, comme étant des éléments des Forces de Défense et de Sécurité (FDS) habillés en tenues noires et encagoulés».
De son côté, l’Observatoire de la dignité humaine (ODH) a «condamné avec la dernière énergie ces actes barbares indignes de notre époque» commis contre «plus d’une cinquantaine de civils sans armes», dont «la quasi-totalité seraient des Peuls, dont des femmes et des enfants», précisant que «certaines victimes ont été arrêtées au marché de Tougouri et d’autres à domicile».
Réagissant à ces accusations, «le Gouvernement réfute et condamne, avec la dernière énergie, ces allégations qui portent le discrédit sur l’armée qui reste républicaine et résolument engagée dans la lutte contre le terrorisme et pour garantir la quiétude et la sécurité des populations», a expliqué son porte-parole, Lionel Bilgo.
Toutefois, «l’armée a engagé déjà une enquête pour vérifier la véracité et l’exactitude de ces allégations. Si toutefois elles sont fondées, l’armée (…) en tirera toutes les conséquences», a encore assuré L. Bilgo, par ailleurs ministre de l’Éducation nationale.
Pour rappel, Human rights Watch (HRW) et d’autres ONG avaient déjà accusé en 2020 les forces de sécurité burkinabè d' »exécutions extrajudiciaires », au cours d’opérations antiterroristes, après la découverte de « fosses communes contenant au moins 180 corps » à Djibo, chef-lieu de la province du Soum, l’une des plus touchées par les attaques jihadistes.
Ces violences ont fait dans le pays plusieurs milliers de morts depuis 2015, et contraint près de deux millions de personnes à fuir leurs foyers dans plusieurs provinces du pays.