L’écrivaine zimbabwéenne Tsitsi Dangarembga a été condamnée ce 29 septembre à six mois de prison avec sursis après avoir été reconnue coupable d’avoir voulu «inciter à la violence» en manifestant silencieusement avec une pancarte dans les rues vides d’une banlieue de Harare, il y a deux ans.
Mme Dangarembga, 63 ans, de renommée internationale, avait été arrêtée en pleine pandémie fin juillet 2020 alors qu’elle marchait avec une amie journaliste et une poignée d’autres manifestants, tenant dans les mains la pancarte: «Nous voulons mieux. Réformons nos institutions».
Lors d’une audience tenue jeudi, le tribunal a reproché à la figure féministe, «l’intention d’inciter à la violence» et d’avoir manifesté «sans en avoir demandé l’autorisation». L’écrivaine et réalisatrice Tsitsi Dangarembga a donc été condamnée à six mois de prison avec sursis, assortis d’une amende équivalente à environ 200 euros. La journaliste zimbabwéenne qui l’accompagnait, Julie Barnes a écopé de la même condamnation.
«La liberté d’expression et la liberté de la presse sont de plus en plus réduites et criminalisées» dans le pays, a déploré à la sortie du tribunal, Mme Dangarembga qui compte faire appel.
Saluée comme une voix féministe, Tsitsi Dangarembga a connu un succès international en 1988 avec « Nervous Conditions » (« A fleur de peau » dans la version française), premier livre publié en anglais par une femme noire zimbabwéenne.
Lors d’une précédente audience en août, Tsitsi Dangarembga avait démenti vouloir inciter à la violence, déclarant n’avoir parlé à aucun passant, ni à la presse lors de la manifestation.
Le président zimbabwéen Emmerson Mnangagwa, qui a succédé en 2017 à Robert Mugabe, est régulièrement accusé par les organisations de défense des droits de museler toute voix dissidente ou critique, notamment par des arrestations arbitraires.