Les juges centrafricains et internationaux de la Cour pénale spéciale (CPS) ont condamné, lundi à Bangui, trois membres du mouvement rebelle 3R (Retour, Réclamation et Réhabilitation), «reconnus coupables de crimes de guerre et crimes contre l’humanité» dans le dossier des massacres perpétrés en mai 2019.
«Au regard des crimes dont les accusés sont déclarés coupables», la section d’assises condamne : Issa Sallet Adoum, alias Bozizé, à la peine d’emprisonnement à perpétuité, Mahamat Tahir et Yaouba Ousman à une peine d’emprisonnement de vingt années, a déclaré le juge Aimé-Pascal Delimo, ajoutant que «la présente décision est susceptible d’appel dans un délai de trois jours à compter de son prononcé».
Il s’agit là du premier verdict rendu par cette Cour centrafricaine créée en 2015 avec le soutien de l’ONU, et devenue opérationnelle en 2018. Les massacres de masse concernés avaient fait au moins 46 morts parmi les civils dans les villages de Koundjili et Lémouna dans la sous-préfecture de Paoua (nord-ouest).
Si les avocats des condamnés projettent de faire appel du jugement, le verdict rendu ce lundi a été salué aussi bien au niveau local qu’à l’international.
«Nous avons tant attendu de cette cour pour juger nos bourreaux (…) si aujourd’hui nous apprenons et nous voyons qu’elle a appréhendé une partie de nos bourreaux en les jugeant, alors elle a répondu à nos attentes, nous, les victimes», a fait part Aïcha Baba de l’Association des victimes des crises militaro-politiques.
L’ONG Human Rights Watch (HRW), qui dit avoir documenté les attaques menées par le groupe rebelle 3R contre des civils en 2019, cette condamnation est «une étape importante dans les efforts visant à rendre justice à l’égard des atrocités commises dans ce pays».
Notons que la CPS se penchera, d’une manière générale, sur les crimes de guerre et contre l’humanité commis dans le pays depuis 2003. Plusieurs Chefs de guerre ont été déjà arrêtés par la Cour et attendent leur comparution.