Le procureur de la République aux Comores a requis, jeudi, la perpétuité par contumace contre l’ancien président, Ahmed Abdallah Sambi (2006-2011) et son vice-président, Mohamed Ali Soilihi, accusés d’être impliqués dans un scandale dit de la «citoyenneté économique», relatif à la vente de passeports comoriens.
«Il a trahi la mission qui lui a été confiée par les Comoriens», a déclaré le procureur Ali Mohamed Djounaid qui a réclamé la prison à vie à la Cour de sûreté de l’Etat.
Sambi, 64 ans, avait fait voter en 2008 une loi permettant de vendre, à un prix exorbitant, des passeports à des apatrides vivant dans les pays du Golfe, en vue de renflouer les caisses de l’Etat, et aurait détourné beaucoup d’argent dans ce cadre. Selon le procureur, le préjudice pour le gouvernement s’élèverait à plus d’1,8 milliard d’euros, soit plus que le PIB du pays.
Dénonçant une procédure biaisée et un procès non équitable, l’ancien dirigeant a refusé de se présenter au dernier jour du procès qui s’est ouvert depuis lundi 21 novembre, seul jour où il a comparu.
Son avocat français, Jean-Gilles Halimi, a rejeté les accusations formulées contre son client. «Aucune trace de cet argent n’a été démontré, aucun compte découvert», a-t-il indiqué.
«C’est un procès joué d’avance», selon Me Ahamada Mahamoudou, un autre avocat de Sambi. La défense qui a eu à brandir le caractère illégal de la Cour de sûreté de l’Etat, une instance supprimée par la Loi de 2020, et le fait que la haute trahison est un délit non défini par la loi comorienne, n’a pas pu obtenir gain de cause.
Sambi qui a déjà passé plus de quatre ans en détention provisoire, est un farouche opposant à l’actuel président, Azali Assoumani. «Force est de constater que Sambi gêne l’agenda politique d’Azali Assoumani et qu’il fait tout pour l’écarter», a déclaré à l’AFP, sa fille Tisslame Sambi.
Le verdict sera prononcé le mardi 29 novembre prochain, sachant que les décisions de la Cour de sûreté de l’Etat ne peuvent pas faire l’objet d’appel.