Les avocats du Tchad ont décidé lundi, de suspendre leurs activités durant la période des audiences foraines de détenus politiques, afin d’exprimer leur mécontentement vis-à-vis du non-respect des règles en matière de ressorts territoriaux des juridictions.
Lesdites audiences foraines qui démarrent ce lundi 29 novembre, concernent 401 personnes arrêtées lors des manifestations du 20 octobre 2022 contre le gouvernement de transition.
Ces manifestations avaient été réprimées avec une extrême violence, une centaine de personnes avaient été tuées et un millier arrêté et déportée dans la prison de Koro-Toro au nord du pays. Elles sont poursuivies notamment pour «attroupement non autorisé, destruction de biens, incendie volontaire et trouble à l’ordre public».
Lors d’une conférence de presse lundi, l’ordre des avocats du Tchad a opposé «un refus catégorique de plaider devant une juridiction de N’Djamena siégeant en dehors de son ressort territorial à Koro-Toro dans une prison sans accès à la population, au prétendu nom d’audience foraine, alors que la loi n’a consacré l’organisation des audiences foraines que dans les ressorts juridictionnels des juridictions et non en dehors desdits ressorts».
Ces avocats déplorent le fait que les forces de l’ordre ne relevant pas des autorités judiciaires «interpellent, enlèvent puis déportent des personnes pour les détenir arbitrairement à Koro-Toro avant que le tribunal de grande instance de N’Djamena et le parquet d’instance puissent se déplacer suivant un ordre de mission ministériel afin de procéder à l’audition sur procès-verbal d’enquête préliminaire auxdits lieux et ce, en violation des règles de procédures prévoyant une assistance d’avocat».
Le barreau a, par ailleurs, exigé que «les personnes détenues arbitrairement auxdits lieux, soient libérées et ramenées purement et simplement à N’Djamena auprès de leurs familles respectives».