Un juge sénégalais a ordonné mardi le renvoi en prison du journaliste Pape Alé Niang, pour avoir communiqué sur les objets de sa poursuite, moins d’une semaine après sa remise en liberté conditionnelle.
Dans un communiqué publié mardi soir, le parquet de Dakar «informe l’opinion publique de la révocation du contrôle judiciaire dont bénéficiait l’inculpé Pape Alé Niang».
Il explique cette décision par «les dernières sorties médiatiques» du journaliste qui sont «une violation des obligations prescrites, notamment celles qui lui faisaient défense de communiquer sous aucune forme sur les faits objets de poursuite».
Or, selon le parquet, «l’inculpé a largement contrevenu à ses obligations en abordant volontairement lors de ses lives sur Youtube les faits poursuivis» et lors desquels il a mené «des attaques injustifiées aussi bien contre une autorité de la police que contre les enquêteurs».
Patron du site d’informations «Dakar Matin», le journaliste avait été relâché et placé sous contrôle judiciaire le 14 décembre plus d’un mois après avoir été inculpé et écroué pour «divulgation d’informations de nature à nuire à la Défense nationale», «recel de documents administratifs et militaires» et «diffusion de fausses nouvelles».
Son cas avait mobilisé la profession et lui-même avait observé une grève de la faim pendant une douzaine de jours. Le journaliste affirme faire «l’objet d’un acharnement et d’une persécution abominables» de la part du pouvoir sénégalais qui a «décidé de (le) faire taire à tout prix», dans un communiqué transmis à la presse par la Coordination des associations de presse (CAP), une organisation syndicale.
Le Sénégal est classé 73ème parmi les 180 référencés dans le dernier classement sur la liberté de la presse établi par Reporters sans frontières (RSF). Le pays a perdu 24 places par rapport à 2021.