La principale centrale syndicale en Tunisie, l’Union Générale Tunisiennes du Travail (UGTT) a appelé mercredi à l’élaboration d’une feuille de route pour «sauver» le pays de la crise, après l’abstention massive lors des élections législatives de samedi dernier, y voyant un désaveu populaire pour le président Kais Saied et ses coéquipiers.
«L’UGTT prend note de l’importante baisse du taux de participation aux élections, ce qui leur ôte toute crédibilité ou légitimité», a estimé le chef de la puissante centrale syndicale, Noureddine Taboubi, dans un communiqué publié à l’issue d’une réunion du bureau exécutif de la centrale.
Le taux de participation de 11,22% au scrutin de samedi est le plus faible depuis la révolution du jasmin qui a renversé dans le sillage du printemps arabe, la dictature de l’ex-président Zine el Abidine Ben Ali en 2011.
Selon l’UGTT, ce taux traduit «un refus clair» du système que M. Saied cherche à consolider depuis son coup de force de juillet 2021 et qui n’a apporté que «malheurs et crises» dans le pays.
Ce système hyper-présidentialiste avec un Parlement dénué de réelles prérogatives offre selon l’UGTT «un terreau fertile à la tyrannie» et consacre «le pouvoir d’un seul homme».
Le chef de la principale coalition d’opposants en Tunisie, Ahmed Nejib Chebbi, a pour sa part, appelé le président Kais Saied à «quitter ses fonctions immédiatement», après le fiasco que constitue l’abstention massive lors des législatives, boycottées par l’opposition.
«C’est un grand désaveu populaire pour le processus» démarré le 25 juillet 2021, quand Kais Saied avait gelé le Parlement et limogé son Premier ministre, s’emparant de tous les pouvoirs, a déclaré Nejib Chebbi.
Après son coup de force du 25 juillet 2021 et la dissolution de l’ancien Parlement, dénoncés comme « un coup d’Etat » par l’opposition, le président Saied a fait adopter cet été une Constitution qui réduit drastiquement les attributions du Parlement.