Clap de fin pour les médias dits indépendants en Algérie, la junte au pouvoir a ordonné d’arrêter Ihsane El-Kadi, le directeur de Radio M et du site d’information Maghreb Emergent, qui a été conduit menotté, dans la soirée du vendredi 23 décembre, par des agents de la direction générale de la sécurité intérieure (DGSI), enfonçant encore l’Algérie au rang des pays les plus répressifs pour la presse dans le monde.
Le lendemain samedi, dans la soirée, sous le regard médusé des journalistes, les agents de la DGSI ont investi le siège des deux médias, dans le centre d’Alger, saisi des appareils informatiques et mis les locaux sous scellés avant de quitter les lieux.
Les raisons de cette interpellation demeurent inconnues, mais Ihsane El-Kadi aurait évoqué un éventuel soutien du général Saïd Chengriha à un éventuel deuxième mandat du président Abdelmadjid Tebboune.
Dans un contexte de chape de plomb généralisé sur les médias du pays, les observateurs s’attendent à ce que le sort de Ihsane El-Kadi ne diffère guère de celui des autres journalistes emprisonnés ou condamnés, à l’image de Khaled Drareni et plusieurs autres.
« Sale temps pour la liberté de la presse et pour toutes les libertés démocratiques en Algérie », a commenté Abdelouahab Fersaoui, président de l’association Rassemblement Actions Jeunesse (RAJ), dissoute en octobre 2021 par les autorités.
Pour la Ligue algérienne de défense des droits de l’homme (LADDH), de nombreux journalistes algériens sont en prison, après des condamnations ou dans l’attente de leur jugement, dans un pays qui figurait à la 146e place (sur 180) du classement mondial de la liberté de la presse 2020.