Des ONG ont accusé mardi l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) en Tunisie de mettre en péril la liberté d’expression après qu’elle a saisi la justice contre des médias et des comptes sur les réseaux sociaux pour de supposées infractions en lien avec le référendum de juillet.
Dans un communiqué conjoint, 28 ONG locales ont dénoncé «les menaces que fait peser l’instance électorale sur la liberté de l’opinion et d’expression, à tel point qu’elle exerce une censure sur les médias». Et lui ont reproché un «comportement rétrograde hostile aux libertés».
Le 22 décembre, l’Instance supérieure indépendante pour les élections (Isie) a déposé 24 plaintes devant le tribunal de première instance de Tunis contre des médias et des pages Facebook pour injure, atteinte à la dignité des électeurs, attaque contre les bonnes mœurs ou encore la diffusion d’intox ou financement étranger. Elle leur reproche d’avoir commis ces infractions dans des publications diffusées lors de la campagne électorale du référendum du 25 juillet, marqué par une abstention massive, lors duquel une nouvelle Constitution imposant un système hyper-présidentialiste voulu par le chef d’Etat Kais Saied, a été adoptée.
Ces ONG, dont le Syndicat national des journalistes, l’Association tunisienne pour le droit et les libertés et l’Organisation tunisienne de lutte contre la torture, condamnent «la surveillance et la censure» exercées par l’Isie, qui s’est attribuée selon elles «un rôle de policier veillant sur les opinions et les médias».
Après son coup de force du 25 juillet 2021 et la dissolution de l’ancien Parlement, le président Saied a fait adopter cet été une Constitution qui réduit drastiquement les prérogatives du Parlement. Plusieurs ONG locales et internationales ont dénoncé un recul des libertés en Tunisie.